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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/31

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CONTES ARABES.

mon amie m’amenât ici ; mais puisque vous voulez bien me souffrir, quittons les cérémonies, et ne songeons qu’à nous réjouir. »

» Comme j’avois donné ordre qu’on nous servît la collation d’abord que les dames seroient arrivées, nous nous mîmes bientôt à table. J’étois vis-à-vis de la nouvelle venue, qui ne cessoit de me regarder en souriant. Je ne pus résister à ses regards vainqueurs, et elle se rendit maîtresse de mon cœur sans que je pusse m’en défendre. Mais elle prit aussi de l’amour en m’en inspirant ; et loin de se contraindre, elle me dit des choses assez vives.

» L’autre dame, qui nous observoit, n’en fit d’abord que rire. « Je vous l’avois bien dit, s’écria-t-elle en m’adressant la parole, que vous trouveriez mon amie charmante, et je m’aperçois que vous avez déjà violé le serment que vous m’avez fait de m’être fidèle. » « Madame, lui répondis-je en riant aussi comme elle, vous auriez sujet de vous plaindre de moi