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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/340

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LES MILLE ET UNE NUITS,

pondit au joaillier : « Sur quoi jugez-vous que j’aie des affaires au palais du calife ? » « J’en juge, repartit le joaillier, par l’esclave qui vient de sortir. » « Et à qui croyez-vous qu’appartienne cette esclave, répliqua le prince ? » « À Schemselnihar, favorite du calife, répondit le joaillier. Je connois, poursuivit-il, cette esclave, et même sa maîtresse, qui m’a quelquefois fait l’honneur de venir chez moi acheter des pierreries. Je sais de plus que Schemselnihar n’a rien de caché pour cette esclave, que je vois depuis quelques jours aller et venir par les rues, assez embarrassée à ce qu’il me semble. Je m’imagine que c’est pour quelqu’affaire de conséquence qui regarde sa maîtresse. »

Ces paroles du joaillier troublèrent fort le prince de Perse. « Il ne me parleroit pas dans ces termes, dit-il en lui-même, s’il ne soupçonnoit, ou plutôt s’il ne savoit pas mon secret. » Il demeura quelques momens dans le silence, ne sachant quel