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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/58

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LES MILLE ET UNE NUITS,

fleurs, et j’avois les yeux attachés dessus, lorsque la fenêtre s’ouvrit : je vis paroître une jeune dame dont la beauté m’éblouit. Elle jeta d’abord les yeux sur moi ; et en arrosant le vase de fleurs d’une main plus blanche que l’albâtre, elle me regarda avec un souris qui m’inspira autant d’amour pour elle, que j’avois eu d’aversion jusque-là pour toutes les femmes. Après avoir arrosé ses fleurs, et m’avoir lancé un regard plein de charmes, qui acheva de me percer le cœur, elle referma sa fenêtre, et me laissa dans un trouble et dans un désordre inconcevable.

» J’y serois demeuré bien long-temps, si le bruit que j’entendis dans la rue, ne m’eût pas fait rentrer en moi-même. Je tournai la tête en me levant, et vis que c’étoit le premier cadi de la ville, monté sur une mule, et accompagné de cinq ou six de ses gens : il mit pied à terre à la porte de la maison dont la jeune dame avoit ouvert une fenêtre ; il y entra, ce qui me fit juger qu’il étoit son père.