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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/84

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LES MILLE ET UNE NUITS,

l’exemple de votre père et de votre aïeul : ils venoient me consulter dans toutes leurs affaires ; et je puis dire, sans vanité, qu’ils se louoient fort de mes conseils. Voyez-vous, Seigneur, on ne réussit presque jamais dans ce qu’on entreprend, si l’on n’a recours aux avis des personnes éclairées. On ne devient point habile homme, dit le proverbe, qu’on ne prenne conseil d’un habile homme. Je vous suis tout acquis, et vous n’avez qu’à me commander. »

« Je ne puis donc gagner sur vous, interrompis-je, que vous abandonniez tous ces longs discours qui n’aboutissent à rien qu’à me rompre la tête, et qu’à m’empêcher de me trouver où j’ai affaire : rasez-moi donc, ou retirez-vous. » En disant cela, je me levai de dépit en frappant du pied contre terre.

» Quand il vit que j’étois fâché tout de bon : « Seigneur, me dit-il, ne vous fâchez pas, nous allons commencer. » Effectivement il me lava la tête, et se mit à me raser ; mais il ne