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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/410

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LES MILLE ET UNE NUITS,

qui, selon l’estime qu’il en fit, devoit lui valoir plus que beaucoup d’autres oiseaux ensemble de ceux qu’il prenoit ordinairement, à cause de la rareté, il le mit dans une cage et le porta à la ville. Dès qu’il fut arrivé au marché, un bourgeois l’arrêta, et lui demanda combien il vouloit vendre l’oiseau ?

Au lieu de répondre à cette demande, le paysan demanda au bourgeois à son tour, ce qu’il en prétendoit faire quand il l’auroit acheté ? « Bon homme, reprit le bourgeois, que veux-tu que j’en fasse, si je ne le fais rôtir pour le manger ? » « Sur ce pied-là, repartit le paysan, vous croiriez l’avoir bien acheté si vous m’en aviez donné la moindre pièce d’argent. Je l’estime bien davantage : et ce ne seroit pas pour vous, quand vous m’en donneriez une pièce d’or. Je suis bien vieux, mais depuis que je me connois, je n’en ai pas encore vu un pareil. Je vais en faire un présent au roi : il en connoîtra mieux le prix que vous. »