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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/488

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LES MILLE ET UNE NUITS,

Avant que de quitter la dame, le jeune marchand tira le coffre hors de la fosse ; il la combla de terre, remit la dame dans le coffre et l’y renferma de telle sorte, qu’il ne paroissoit pas que le cadenas eût été forcé. Mais de peur qu’elle n’étouffât, il ne referma pas exactement le coffre, et y laissa entrer l’air. En sortant du cimetière, il tira la porte après lui ; et comme celle de la ville étoit ouverte, il eut bientôt trouvé ce qu’il cherchoit. Il revint au cimetière, où il aida le muletier à charger le coffre en travers sur le mulet ; et pour lui ôter tout soupçon, il lui dit qu’il étoit arrivé la nuit avec un autre muletier, qui, pressé de s’en retourner, avoit déchargé le coffre dans le cimetière.

Ganem, qui depuis son arrivée à Bagdad, ne s’étoit occupé que de son négoce, n’avoit pas encore éprouvé la puissance de l’amour. Il en sentit alors les premiers traits. Il n’avoit pu voir la jeune dame sans en être ébloui ; et l’inquiétude dont il se sen-