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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/490

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LES MILLE ET UNE NUITS,

étoit sensible au service qu’elle en avoit reçu, elle ôta son voile. Ganem, de son côté, sentit toute la grâce qu’une dame si aimable lui faisoit de se montrer à lui le visage découvert, ou plutôt il sentit qu’il avoit déjà pour elle une passion violente. Quelqu’obligation qu’elle lui eût, il se crut trop récompensé par une faveur si précieuse.

La dame pénétra les sentimens de Ganem, et n’en fut pas alarmée, parce qu’il paroissoit fort respectueux. Comme il jugea qu’elle avoit besoin de manger, et ne voulant pas charger personne que lui-même du soin de régaler une hôtesse si charmante, il sortit suivi d’un esclave, et alla chez un traiteur ordonner un repas. De chez le traiteur il passa chez un fruitier, où il choisit les plus beaux et les meilleurs fruits. Il fit aussi provision d’excellent vin, et du même pain qu’on mangeoit au palais du calife.

Dès qu’il fut de retour chez lui, il dressa de sa propre main une py-