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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/512

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LES MILLE ET UNE NUITS,

ciel d’être la cause et l’heureux témoin que vous vivez. Et plût à Dieu que, profitant de ce faux bruit, vous voulussiez lier votre sort au mien, et venir avec moi loin d’ici régner sur mon cœur ! Mais où m’emporte un transport trop doux ? Je ne songe pas que vous êtes née pour faire le bonheur du plus puissant prince de la terre, et que le seul Haroun Alraschild est digne de vous. Quand même vous seriez capable de me le sacrifier ; quand vous voudriez me suivre, devrois-je y consentir ? Non, je dois me souvenir sans cesse que ce qui appartient au maître, est défendu à l’esclave. »

L’aimable Tourmente, quoique sensible aux tendres mouvemens qu’il faisoit paroître, gagnoit sur elle de n’y pas répondre. « Seigneur, lui dit-elle, nous ne pouvons empêcher Zobéïde de triompher. Je suis peu surprise de l’artifice dont elle se sert pour couvrir son crime ; mais laissons-la faire, je me flatte que ce triomphe sera bientôt suivi de douleur. Le ca-