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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/524

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LES MILLE ET UNE NUITS,

prononcer une seule parole. « Ganem, reprit la favorite, il n’y a point de temps à perdre. Si vous m’aimez, prenez vite l’habit d’un de vos esclaves, et frottez-vous le visage et les bras de noir de cheminée. Mettez ensuite quelques uns de ces plats sur votre tête, on pourra vous prendre pour le garçon du traiteur, et on vous laissera passer. Si l’on vous demande où est le maître de la maison, répondez sans hésiter qu’il est au logis. » « Ah, Madame, dit à son tour Ganem, moins effrayé pour lui que pour Tourmente, vous ne songez qu’à moi ! Hélas, qu’allez-vous devenir ? » « Ne vous en mettez pas en peine, reprit-elle ; c’est à moi d’y songer. À l’égard de ce que vous laissez dans cette maison, j’en aurai soin, et j’espère qu’un jour tout vous sera fidellement rendu quand la colère du calife sera passée ; mais évitez sa violence. Les ordres qu’il donne dans ses premiers mouvemens, sont toujours funestes. » L’affliction du jeune marchand étoit