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CONTES ARABES.

loub ? Je me serois fort bien passé d’un pareil présent. »

Le visir ayant répondu à Alaeddin que c’étoit l’extrême affection du calife pour lui qui l’avoit porté à lui donner cette esclave, lui demanda en confidence, s’il alloit quelquefois la voir ? « En vérité, répondit Alaeddin, je ne l’ai pas encore vue, et je vous promets que je ne la verrai jamais. » Le visir l’ayant prié de lui expliquer la raison d’une pareille retenue, il lui dit, pour toute réponse : ce qui convient au maître ne convient pas à l’esclave.

Giafar ne manqua pas de faire part de ce qu’il venoit d’apprendre au calife, qui voulut sur-le-champ aller voir Alaeddin avec son visir. Alaeddin les ayant aperçus, alla au-devant du prince, se jeta à ses pieds, et lui baisa les mains. Le calife ayant remarqué sur son visage l’empreinte du plus profond chagrin, lui dit en le faisant relever :

« Vous verrai-je donc toujours accablé de tristesse, mon cher Alaed-