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CONTES ARABES.

Après quelques jours employés à une recherche vaine, il arriva dans une plaine d’une étendue prodigieuse, au milieu de laquelle il y avoit un palais bâti de marbre noir. Il s’en approcha, et vît à une fenêtre une dame parfaitement belle, mais parée de sa seule beauté ; car elle avoit les cheveux épars, des habits déchirés, et l’on remarquoit sur son visage toutes les marques d’une profonde affliction. Sitôt qu’elle aperçut Codadad, et qu’elle jugea qu’il pouvoit l’entendre, elle lui adressa ces paroles : « Ô jeune homme, éloigne-toi de ce palais funeste, ou bien tu te verras bientôt en la puissance du monstre qui l’habite. Un nègre qui se repaît de sang humain, fait ici sa demeure ; il arrête toutes les personnes que leur mauvaise fortune fait passer par cette plaine, et il les enferme dans de sombres cachots, d’où il ne les tire que pour les dévorer. »

« Madame, lui répondit Codadad, apprenez-moi qui vous êtes, et ne vous mettez point en peine du reste ? » « Je