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LES MILLE ET UNE NUITS,

que dans ce bois où il me retient depuis quelques jours. Quelque déplorable pourtant que soit ma destinée, je ne laisse point de sentir une secrète consolation, quand je pense que ce géant, tout brutal et tout amoureux qu’il ait été, n’a point employé la violence pour obtenir ce que j’ai toujours refusé à ses prières. Ce n’est pas qu’il ne m’ait cent fois menacée qu’il en viendroit aux plus fâcheuses extrémités, s’il ne pouvoit vaincre autrement ma résistance ; et je vous avoue que tout-à-l’heure, quand j’ai excité sa colère par mes discours, j’ai moins craint pour ma vie que pour mon honneur. Voilà, Seigneur, continua la femme du prince des Sarrazins, voilà mon histoire ; et je ne doute point que vous ne me trouviez assez digne de pitié pour ne pas vous repentir de m’avoir si généreusement secourue. »

« Oui, madame, lui dit mon père, vos malheurs m’ont attendri ; j’en suis vivement touché ; mais il ne tiendra pas à moi que votre sort ne de-