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CONTES ARABES.

je vous parle, que j’ai de la peine à me persuader que ce qui m’est arrivé en soit un : tant il a de ressemblance à ce qui se passe entre des gens qui ne dorment pas ! Quoiqu’il en soit, je le tiens et le veux tenir constamment pour un songe et pour une illusion. Je suis même convaincu que je ne suis pas ce fantôme de calife et de Commandeur des croyans, mais Abou Hassan votre fils. Oui, je suis le fils d’une mère que j’ai toujours honorée, jusqu’à ce jour fatal, dont le souvenir me couvre de confusion ; que j’honore et que j’honorerai toute ma vie comme je le dois. »

À ces paroles si sages et si sensées, les larmes de douleur, de compassion et d’affliction que la mère d’Abou Hassan versoit depuis si long-temps, se changèrent en larmes de joie, de consolation et d’amour tendre pour son cher fils qu’elle retrouvoit. « Mon fils, s’écria-t-elle toute transportée de plaisir, je ne me sens pas moins ravie de contentement et de satisfaction à vous entendre parler