Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
303
CONTES ARABES.

« Commandeur des croyans, reprit Abou Hassan, je supplie votre Majesté de me faire la grâce de m’apprendre ce qu’elle a fait pour me démonter ainsi le cerveau, et quel a été son dessein ; cela m’importe présentement plus que toute autre chose, pour remettre entièrement mon esprit dans son assiette ordinaire. »

Le calife voulut bien donner cette satisfaction à Abou Hassan. « Tu dois savoir premièrement, lui dit-il, que je me déguise assez souvent, et particulièrement la nuit, pour connoître par moi-même si tout est dans l’ordre dans la ville de Bagdad ; et comme je suis bien aise de savoir aussi ce qui se passe aux environs, je me suis fixé un jour, qui est le premier de chaque mois, pour faire un grand tour au-dehors, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et je reviens toujours par le pont. Je revenois de faire ce tour, le soir que tu m’invitas à souper chez toi. Dans notre entretien tu me marquas que la seule