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LES MILLE ET UNE NUITS,

béïde, mon épouse, qui l’aimoit plus que ses autres esclaves, et qui a bien voulu s’en priver pour te l’abandonner. Voilà une belle marque de ta reconnoissance. »

« Commandeur des croyans, répondit Abou Hassan en faisant semblant de pleurer plus amèrement qu’auparavant, votre Majesté peut-elle avoir un seul moment la pensée qu’Abou Hassan, qu’elle a comblé de ses grâces et de ses bienfaits, et à qui elle a fait des honneurs auxquels il n’eût jamais osé aspirer, ait pu être capable d’une si grande ingratitude ? J’aimois Nouzhatoul-Aouadat, mon épouse, autant par tous ces endroits-là que par tant d’autres belles qualités qu’elle avoit, et qui étoient cause que j’ai toujours eu pour elle tout l’attachement, toute la tendresse et tout l’amour qu’elle méritoit. Mais, Seigneur, ajouta-t-il, elle devoit mourir, et Dieu n’a pas voulu me laisser jouir plus long-temps d’un bonheur que je tenois des bontés de votre Majesté et de Zobéïde, sa chère épouse. »