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CONTES ARABES.

Mesrour qui s’étoit attendu que le voyage de la nourrice et le rapport qu’elle feroit, lui seroient favorables, fut vivement mortifié de ce qu’il avoit réussi tout au contraire. D’ailleurs, il se trouvoit piqué au vif de l’excès de la colère que Zobéïde avoit contre lui, pour un fait dont il se croyoit plus certain qu’aucun autre. C’est pourquoi il fut ravi d’avoir occasion de s’en expliquer librement avec la nourrice, plutôt qu’avec la princesse, à laquelle il n’osoit répondre, de crainte de perdre le respect. « Vieille sans dents, dit-il à la nourrice sans aucun ménagement, tu es une menteuse ; il n’est rien de tout ce que tu dis : j’ai vu de mes propres yeux Nouzhatoul-Aouadat étendue morte au milieu de sa chambre. »

« Tu es un menteur, et un insigne menteur toi-même, reprit la nourrice d’un ton insultant, d’oser soutenir une telle fausseté, à moi qui sors de chez Abou Hassan que j’ai vu étendu mort, à moi qui viens de quitter sa femme pleine de vie ! »