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CONTES ARABES.

depuis que vous ne m’avez vu. »

La mère d’Aladdin eut la patience d’entendre, sans l’interrompre, ce récit merveilleux et surprenant, et en même temps si affligeant pour une mère qui aimoit son fils tendrement, malgré ses défauts. Dans les endroits néanmoins les plus touchans, et qui faisoient connoître davantage la perfidie du magicien africain, elle ne put s’empêcher de faire paroître combien elle le détestoit, par les marques de son indignation ; mais dès qu’Aladdin eut achevé, elle se déchaîna en mille injures contre cet imposteur : elle l’appela traître, perfide, barbare, assassin, trompeur, magicien, ennemi et destructeur du genre humain. « Oui, mon fils, ajouta-t-elle, c’est un magicien, et les magiciens sont des pestes publiques : ils ont commerce avec les démons par leurs enchantemens et par leurs sorcelleries. Béni soit Dieu, qui n’a pas voulu que sa méchanceté insigne eût son effet entier contre vous ! Vous devez bien le remercier de la grâce qu’il