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CONTES ARABES.

prit la connoissance et le prix ; et comme il n’en voyoit pas de pareilles aux siennes, ni en beauté ni en grosseur, il comprit qu’au lieu de morceaux de verre qu’il avoit regardés comme des bagatelles, il possédoit un trésor inestimable. Il eut la prudence de n’en parler à personne, pas même à sa mère ; et il n’y a pas de doute que son silence ne lui ait valu la haute fortune où nous verrons dans la suite qu’il s’éleva.

Un jour en se promenant dans un quartier de la ville, Aladdin entendit publier à haute voix un ordre du sultan, de fermer les boutiques et les portes des maisons, et de se renfermer chacun chez soi, jusqu’à ce que la princesse Badroulboudour[1], fille du sultan, fût passée pour aller au bain, et qu’elle en fût revenue.

Ce cri public fit naître à Aladdin la curiosité de voir la princesse à découvert ; mais il ne le pouvoit qu’en

  1. C’est-à-dire, pleine lune des pleines lunes.