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CONTES ARABES.

rencontrer des filles chastes au Caire, ils allèrent à Bagdad. Ils louèrent un palais magnifique dans un des plus beaux quartiers de la ville. Ils commencèrent à faire bonne chère. Ils tenoient table ouverte ; et après que tout le monde avoit mangé dans le palais, on portoit le reste aux Derviches qui par-là subsistoient commodément.

Or il y avoit dans le quartier un iman appelé Boubekir Muezin. C’étoit un homme vain, fier et envieux. Il haïssoit les gens riches, seulement parce qu’il étoit pauvre. Sa misère l’aigrissoit contre la prospérité de son prochain. Il entendit parler de Zeyn Alasnam et de l’abondance qui régnoit chez lui. Il ne lui en fallut pas davantage pour prendre ce prince en aversion. Il poussa même la chose si loin, qu’un jour dans la mosquée il dit au peuple après la prière du soir : « Ô mes frères, j’ai ouï dire qu’il est venu loger dans notre quartier un étranger qui dépense tous les jours des sommes immenses. Que sait-on ?