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LES MILLE ET UNE NUITS,

lampe de vue. Il s’accusa lui-même de négligence et du peu de soin qu’il avoit eu de ne s’en pas dessaisir un seul moment. Ce qui l’embarrassoit davantage, c’est qu’il ne pouvoit s’imaginer qui étoit le jaloux de son bonheur. Il l’eût compris d’abord, s’il eût su que lui et son palais se trouvoient alors en Afrique ; mais le génie, esclave de l’anneau, ne lui en avoit rien dit ; il ne s’en étoit point informé lui-même. Le seul nom de l’Afrique lui eût rappelé dans sa mémoire le magicien africain son ennemi déclaré.

La princesse Badroulboudour se levoit plus matin qu’elle n’avoit coutume depuis son enlèvement et son transport en Afrique par l’artifice du magicien africain, dont jusqu’alors elle avoit été contrainte de supporter la vue une fois chaque jour, parce qu’il étoit maître du palais ; mais elle l’avoit traité si durement chaque fois, qu’il n’avoit encore osé prendre la hardiesse de s’y loger. Quand elle fut habillée, une de ses