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LES MILLE ET UNE NUITS,

quand il eut vu le magicien africain mort, le visage déjà livide par la violence du poison, il embrassa Aladdin avec beaucoup de tendresse, en lui disant : « Mon fils, ne me sachez pas mauvais gré du procédé dont j’ai usé contre vous ; l’amour paternel m’y a forcé, et je mérite que vous me pardonniez l’excès où je me suis porté. » « Sire, reprit Aladdin, je n’ai pas le moindre sujet de plainte contre la conduite de votre Majesté, elle n’a fait que ce qu’elle devoit faire. Ce magicien, cet infâme, ce dernier des hommes, est la cause unique de ma disgrâce. Quand votre Majesté en aura le loisir, je lui ferai le récit d’une autre malice qu’il m’a faite, non moins noire que celle-ci, dont j’ai été préservé par une grâce de Dieu toute particulière. » « Je prendrai ce loisir exprès, repartit le sultan, et bientôt. Mais songeons à nous rejouir, et faites ôter cet objet odieux. »

Aladdin fit enlever le cadavre du magicien africain, avec ordre de le jeter à la voirie pour servir de pâture