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LES MILLE ET UNE NUITS,

particulièrement dans les grandes chaleurs, que l’on aime mieux en ces pays-là coucher sur la natte que dans un lit.

Le magicien après avoir contenté le maître du lieu, en lui payant le peu de dépense qu’il avoit faite, sortit vers le minuit, et il alla droit à l’hermitage de Fatime, la sainte femme : nom sous lequel elle étoit connue dans toute la ville. Il n’eut pas de peine à ouvrir la porte : elle n’étoit fermée qu’avec un loquet ; il le referma sans faire de bruit quand il fut entré, et il aperçut Fatime à la clarté de la lune, couchée à l’air, et qui dormoit sur un sofa garni d’une méchante natte, et appuyée contre sa cellule. Il s’approcha d’elle, et après avoir tiré un poignard qu’il portoit au côté, il l’éveilla.

En ouvrant les yeux, la pauvre Fatime fut fort étonnée de voir un homme prêt à la poignarder. En lui appuyant le poignard contre le cœur, prêt à l’y enfoncer : « Si tu cries, dit-il, ou si tu fais le moindre bruit, je