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CONTES ARABES.

que la sainte femme n’avoit pas coutume de sortir, il ne laissa pas de le faire, bien persuadé qu’on ne l’interrogeroit pas là-dessus, et au cas qu’on l’interrogeât, prêt à répondre. Comme une des premières choses qu’il avoit faite en arrivant, avoit été d’aller reconnoître le palais d’Aladdin, et que c’étoit là qu’il avoit projeté de jouer son rôle, il prit son chemin de ce côté-là.

Dès qu’on eut aperçu la sainte femme, comme tout le peuple se l’imagina, le magicien fut bientôt environné d’une grande affluence de monde. Les uns se recommandoient à ses prières, d’autres lui baisoient la main, d’autres plus réservés ne lui baisoient que le bas de sa robe ; et d’autres, soit qu’ils eussent mal à la tête, ou que leur intention fût seulement d’en être préservés, s’inclinoient devant lui, afin qu’il leur imposât les mains ; ce qu’il faisoit en marmottant quelques paroles en guise de prières ; et il imitoit si bien la sainte femme, que tout le monde le prenoit pour