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CONTES ARABES.

marqua un édifice nouvellement bâti, qui lui parut être l’hôtel de quelque seigneur de la cour. Il demanda au grand visir s’il savoit à qui il appartenoit ? Le grand visir répondit qu’il l’ignoroit, mais qu’il alloit s’en informer.

En effet, il interrogea un voisin qui lui dit que cette maison appartenoit à Gogia Hassan, surnommé Alhabbal, à cause de la profession de cordier, qu’il lui avoit vu lui-même exercer dans une grande pauvreté, et que sans savoir par quel endroit la fortune l’avoit favorisé, il avoit acquis de si grands biens, qu’il soutenoit fort honorablement et splendidement la dépense qu’il avoit faite à la faire bâtir.

Le grand visir alla rejoindre le calife, et lui rendit compte de ce qu’il venoit d’apprendre. « Je veux voir ce Gogia Hassan Alhabbal, lui dit le calife ; va lui dire qu’il se trouve aussi demain à mon palais à la même heure que les deux autres. » Le grand visir ne manqua pas d’exécuter les ordres du calife.