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CONTES ARABES.

dès qu’ils ont tout mangé, ils se trouvent dans la même nécessité et dans les mêmes besoins qu’auparavant. Vous ne croupissez dans votre misère, que parce que vous le méritez, et que vous vous rendez vous-même indigne du bien que l’on vous fait. »

« Seigneur, repris-je, je souffre tous ces reproches, et je suis prêt à en souffrir encore d’autres bien plus atroces que vous pourriez me faire ; mais je les souffre avec d’autant plus de patience, que je ne crois pas en avoir mérité aucun. La chose est si publique dans le quartier, qu’il n’y a personne qui ne vous en rende témoignage. Informez-vous-en vous-même, vous trouverez que je ne vous en impose pas. J’avoue que je n’avois pas entendu dire que des milans eussent enlevé des turbans ; mais la chose m’est arrivée, comme une infinité d’autres qui ne sont jamais arrivées, et qui cependant arrivent tous les jours. »

» Saad prit mon parti, et il racon-