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LES MILLE ET UNE NUITS,

usage, et que toutes les fois que ma femme avoit vendu le son, à mesure qu’il en était plein, le vase étoit toujours resté. Pouvois-je deviner que ce jour-là même, en mon absence, un vendeur de terre à décrasser passeroit à point nommé ; que ma femme se trouverait sans argent, et qu’elle feroit avec lui l’échange qu’elle a fait ? Vous pourriez me dire que je devois avertir ma femme ; mais je ne croirai jamais que des personnes aussi sages que je suis persuadé que vous êtes, m’eussent donné ce conseil. Pour ce qui est de ne les avoir pas cachées ailleurs, quelle certitude pouvois-je avoir qu’elles y eussent été en plus grande sûreté ? Seigneur, dis-je, en m’adressant à Saadi, il n’a pas plu à Dieu que votre libéralité servit à m’enrichir, par un de ses secrets impénétrables, que nous ne devons pas approfondir. Il me veut pauvre, et non pas riche. Je ne laisse pas de vous en avoir la même obligation que si elle avoit eu son effet entier ; selon vos souhaits. »