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LES MILLE ET UNE NUITS,

soins ; je n’ai fait pour vous que ce que je pouvois en attendre dans une occasion semblable. Ainsi je refuserois de recevoir votre présent, si je n’étois persuadé que vous me le faites de bon cœur ; je croirais même vous offenser si j’en usois de la sorte. Je le reçois donc puisque vous le voulez ainsi, et je vous en fais mon remercîment. »

» Nos civilités en demeurèrent là, et je portai le poisson à ma femme.

« Prenez, lui dis-je, ce poisson que le pêcheur notre voisin vient de m’apporter, en reconnoissance du morceau de plomb qu’il nous envoya demander la nuit dernière. C’est, je crois, tout ce que nous pouvons espérer de ce présent que Saad me fit hier, en me promettant qu’il me porteroit bonheur. »

» Ce fut alors que je lui parlai du retour des deux amis, et de ce qui s’étoit passé entr’eux et moi.

» Ma femme fut embarrassée de voir un poisson si grand et si gros.

« Que voulez-vous, dit-elle, que