Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
363
CONTES ARABES.

sidéra combien il étoit important que son mari fit la chose secrètement. Elle retourna chez elle, et elle attendit patiemment jusqu’à minuit. Mais après cela ses alarmes redoublèrent avec une douleur d’autant plus sensible, qu’elle ne pouvoit la faire éclater, ni la soulager par des cris dont elle vit bien que la cause devoit être cachée au voisinage. Alors, si sa faute étoit irréparable, elle se repentit de la folle curiosité qu’elle avoit eue, par une envie condamnable de pénétrer dans les affaires de son beau-frère et de sa belle-sœur. Elle passa la nuit dans les pleurs ; et dès la pointe du jour elle courut chez eux, et elle leur annonça le sujet qui l’amenoit, plutôt par ses larmes que par ses paroles.

Ali Baba n’attendit pas que sa belle-sœur le priât de se donner la peine d’aller voir ce que Cassim étoit devenu. Il partit sur-le-champ avec ses trois ânes, après lui avoir recommandé de modérer son affliction, et il alla à la forêt. En approchant du