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LES MILLE ET UNE NUITS,

princesse, en lui donnant le bon jour ; et après lui avoir fait les mêmes caresses que le jour précédent : « Hé bien, ma fille, lui dit-il, êtes-vous ce matin d’aussi mauvaise humeur que vous l’étiez hier ? Me direz-vous comment vous avez passé la nuit ? » La princesse garda le même silence, et le sultan s’aperçut qu’elle avoit l’esprit beaucoup moins tranquille, et qu’elle étoit plus abattue que la première fois. Il ne douta pas que quelque chose d’extraordinaire ne lui fût arrivé. Alors, irrité du mystère qu’elle lui en faisoit : « Ma fille, lui dit-il tout en colère et le sabre à la main, ou vous me direz ce que vous me cachez, ou je vais vous couper la tête tout-à-l’heure. »

La princesse, plus effrayée du ton et de la menace du sultan offensé, que de la vue du sabre nu, rompit enfin le silence : « Mon cher père et mon sultan, s’écria-t-elle les larmes aux yeux, je demande pardon à votre Majesté, si je l’ai offensée. J’espère de sa bonté et de sa clémence