Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LES MILLE ET UNE NUITS,

l’injustice qu’il vient de commettre envers nous, injustice sans laquelle, malgré toutes tes prouesses et le merveilleux de tout ceci, tu n’aurois jamais mis le pied dans notre maison. »

Le calife, étonné de cette brusque exclamation, dit en lui-même : « Aurois-je commis quelque injustice et donné lieu à cette femme de faire ainsi des imprécations contre moi ? Quel mal, dit-il ensuite à la vieille, vous a donc fait le calife ? »

« Quel mal ? Il a fait piller, ravager notre maison. On a enlevé nos meubles, nos effets, tout ce que nous avions. On ne nous a pas laissé un vêtement, ni de quoi avoir un morceau de pain ; et si Dieu ne vous eût envoyé vers nous, nous serions mortes de faim. »

« Pourquoi le calife vous a-t-il traitées de cette manière ? »

« Mon fils étoit un de ses hagebs. Un jour qu’il étoit assis ici, on frappe à la porte ; il y va, et voit deux femmes qui lui demandent de l’eau pour boire. Il leur en donne, et elles s’en