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CONTES ARABES.

» Je fus, pendant plusieurs jours, dans une espèce d’ivresse, tout occupé de mon bonheur, ne songeant qu’à boire, à manger, à me divertir, et oubliant auprès de mon épouse tout le reste de la terre. Au bout de sept jours, je ne pus m’empêcher de penser à ma mère ; je desirai vivement de la voir, et je versai des larmes, en pensant que j’étois séparé d’elle pour toujours. Ma femme s’aperçut que je pleurois, et m’en demanda la cause.

» Je pleure, lui dis-je, de me voir séparé d’une mère que je n’ai pas quittée depuis mon enfance, qui me faisoit coucher près d’elle, et ne goûtoit de repos que lorsque j’étois endormi contre son sein maternel. Voilà maintenant sept jours qu’elle ne m’a vu. Je ne sais comment elle aura pu supporter cette absence. »

« Ne sommes-nous pas convenus, me dit mon épouse, que notre porte ne s’ouvriroit qu’une fois par an ? » « Il est vrai, lui dis-je ; mais je sens combien il est dur pour moi d’être