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CONTES ARABES.

tout le monde étant à la mosquée, je me cachai dans ma boutique. Je vis bientôt paroître la princesse. Elle étoit entourée de quarante esclaves, toutes plus belles les unes que les autres, et brilloit au milieu d’elles comme le soleil en son midi. Les esclaves qui se pressoient autour de leur souveraine, et soutenoient les bords de ses vêtemens avec de longues baguettes d’or et d’argent, arrêtoient mes regards curieux, et m’empêchoient de la contempler à mon aise. Enfin je l’aperçus un seul instant, et sur-le-champ je sentis s’allumer dans mon cœur la passion la plus vive, et couler de mes yeux quelques larmes. Depuis ce temps j’éprouve une langueur qui me consume, et mon mal s’accroît de jour en jour. »

En achevant ces mots, le jeune homme poussa un soupir si long, que le médecin crut qu’il alloit expirer. « Que me donnerez-vous, lui dit-il, si je viens à bout de vous unir à celle que vous aimez ? » Le jeune homme l’ayant assuré que sa fortune, sa vie