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XVII

LES TEIGNES

Chut ! écoutez… Pan, pan, pan, pan, pan… C’est Ambroisine, si diligente malgré son âge, c’est mère Ambroisine qui prend soin de la maison de l’oncle Paul.

Sur une corde tendue en travers de la grande allée du jardin, elle a mis le manteau de l’oncle, le manteau à triple collet qui défend si bien de la pluie, du froid et de la neige. Un coin du manteau d’une main, une baguette souple de l’autre, elle tape, mère Ambroisine, comme si elle avait encore les jeunes bras d’autrefois. Pan, pan, pan, pan, pan… Les enfants l’ont entendue, Paul également, et il en profite pour continuer l’histoire des teignes.

Paul. — Eh bien, mère Ambroisine, le drap est-il râpé ?

Ambroisine. — Tout neuf, monsieur ; on le dirait sorti de ce matin de la boutique du marchand. S’il m’en souvient, il est aujourd’hui pourtant dans sa dixième année. Tant que je serai là, ne craignez rien : les teignes ne s’y mettront pas. D’un bon drap souvent secoué ne se voit jamais la fin.

Jules. — Ces teignes, ce sont d’autres papillons ?