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LE BOMBYX LIVRÉE

peuples nomades, quand ils abandonnent un campement pour un autre, plient leurs tentes et les emportent avec eux : il serait trop coûteux d’en tisser de nouvelles. Les chenilles n’ont souci de la dépense ; elles abandonnent leur première tente sans se retourner une seule fois de regret. N’ont-elles pas en abondance de la soie pour en fabriquer une toute neuve ? À quoi bon embarrasser de lourdes guenilles la tribu en voyage ? On déménage donc sans rien emporter, et, sur l’emplacement choisi, une nouvelle tente est tissée, plus ample que la première, et renfermant comme elle une provision de rejetons feuillés.

Cette provision finie, la colonie se transporte ailleurs et se fait une demeure encore à nouveaux frais, de sorte que l’on peut suivre sur le poirier les divers campements des chenilles, marqués chacun par une toile abandonnée. Enfin, quelques semaines avant de s’enfermer dans le cocon pour la métamorphose, les membres de la tribu se dispersent qui d’ici, qui de-là, et vont désormais seul à seul.

Dans le courant de juin, la chenille travaille à son cocon. À cet effet, elle rapproche deux ou trois feuilles avec des cordons de soie, et, dans cet abri, se file une coque blanche, saupoudrée d’une poussière jaune semblable à du soufre. Le papillon éclot dans les premiers jours de juillet.

Le bombyx livrée est très préjudiciable aux arbres fruitiers, qu’il dépouille parfois de toutes leurs feuilles. On doit faire la chasse aux bracelets d’œufs que je vous ai fait connaître. On a tout l’hiver pour cette recherche, que rend facile l’absence des feuilles, si toutefois l’arbre est peu élevé. Si l’arbre est trop haut