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LES RAVAGEURS

Quand la température s’adoucit, il remonte pour être à portée des racines, et dès les premiers jours d’avril un labour de 20 centimètres peut l’atteindre. On choisit donc un moment favorable pour donner à la terre des labours qui ramènent les larves à la surface. Des femmes et des enfants qui suivent la charrue ramassent les vers blancs dans les sillons. On a vu un hectare de terrain donner par ce moyen de 200 à 300 kilogrammes de vers.

Jules. — Que fait-on de cette vermine ?

Paul. — On l’enfouit en terre avec de la chaux. Le tout devient un excellent engrais ; l’ennemi des récoltes sert à les faire pousser.

Louis. — Voilà pour les larves, restent les hannetons.

Paul. — La chasse aux hannetons est plus facile. Ils sortent de terre vers le mois d’avril, pour se répandre sur les arbres. Leur durée à l’état parfait ne dépasse guère dix à quinze jours, mais comme ils n’abandonnent pas tous à la fois le sol où les larves ont vécu, on en trouve jusque vers la fin du mois de mai. Si le temps est froid ou pluvieux, ils restent accrochés sous les feuilles, sans mouvement ; si la température est chaude, ils volent le soir par nuées jusqu’au milieu de la nuit ; puis ils s’abattent sur le feuillage, où le matin on les trouve presque engourdis. C’est le bon moment pour les prendre, vous le savez tout aussi bien que moi. Lorsque les hannetons menacent, on se met donc à secouer de grand matin les arbres et les haies et l’on recueille les insectes dans des sacs, pour les enterrer ensuite avec de la chaux vive. La chasse doit se continuer