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LES RAVAGEURS

plus tendres, plus abondantes, sont plus exposées aux ravages des insectes que les mêmes espèces à l’état sauvage. Occupons-nous d’abord du chou, puisque Jacques nous en a fourni l’occasion.

Donnez un coup d’œil à cette racine, couverte de laides verrues creuses. J’en ouvre une. Dans l’intérieur, que trouvons-nous ? Un petit ver, une larve qui serait devenue un charançon, dont le bec s’applique contre la poitrine, entre les jambes de devant, quand l’insecte se ramasse sur lui-même et fait le mort. Ce charançon s’appelle ceutorhynque sulcicolle. Il est noir, avec des poils grisâtres en dessus et des écailles blanches en dessous. Son corselet est creusé d’un sillon longitudinal profond, ce qui lui a valu la qualification de sulcicolle, c’est-à-dire corselet sillonné. Les élytres sont creusées de fines rainures parallèles.

Les œufs sont pondus vers le commencement de l’été. L’insecte descend à la naissance de la racine, qu’il perce par-ci, par-là, avec son bec, et dans chaque piqûre dépose un œuf. En affluant autour du point blessé, la sève de la plante forme une excroissance ou verrue charnue, dans laquelle grandit la larve jusqu’à la fin d’octobre. Le ver quitte alors ce domicile pour s’enfoncer en terre à l’abri du froid et se métamorphoser. La racine piquée s’épuise à pleurer de la sève pour former les excroissances habitées par les larves, et le chou dépérit rapidement ; aussi le ceutorhynque est-il un ennemi redouté, surtout en Angleterre, où il est extrêmement commun. Il ne borne pas ses ravages aux choux ; il attaque aussi les navets, les raves, le colza.