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LES SCOLYTES

corce et avait trouvé dans leur épaisseur la larve du scolyte ainsi que la nymphe.

Émile. — Voyez comme les petites pattes et les ailes de la nymphe sont gentiment arrangées sous le ventre. On dirait que la bête est au maillot. Tout est d’un blanc de lait, excepté les pattes, qui ressemblent à du verre. Oh ! la jolie petite nymphe ! Elle ne bouge pas du tout, crainte peut-être de se faire du mal. Elle est si tendre !

Paul. — Dans quelques jours, elle se démènera si bien que la peau se fendra, et de cette espèce de maillot sortira l’insecte parfait, non avec ses couleurs, mais blanc. Puis, peu à peu, le corselet deviendra noir, et les élytres prendront leur teinte marron. Cela se fait au mois de mai, juste un an après l’éclosion des œufs. L’insecte perce avec ses mandibules la mince couche d’écorce que la larve a laissée intacte, et s’envole pour revenir bientôt à l’arbre pondre ses œufs.

Jules. — Voilà pourquoi l’écorce de l’orme était percée d’une foule de petits trous ronds comme en ferait une fine vrille. Les insectes parfaits avaient déménagé pour la plupart.

Paul. — C’est cela même. Les scolytes n’attaquent pas les arbres sains et vigoureux ; il leur faut une sève maladive, du bois un peu mortifié. Quand donc un orme dépérit de vieillesse, de blessures, de sécheresse ou pour tout autre motif, les scolytes accourent et achèvent le moribond. Très probablement les cossus, dont vous avez trouvé la chenille, sont la cause première, la cause véritable de la mort de l’orme. Les scolytes sont venus plus tard leur prêter