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— Écarte-toi encore… Tu auras beau crier à présent !

— Ah !… Je sens !… Julie !… holà !…

— Crie ! crie !… La tête est passée… tout ira !

— Baise-moi, lèche-moi… Seigneur !… Va !… Encore un coup ! Mon Dieu !… Mon Dieu !…

Calprenède faisait jouer son diamant sur une des vitres de la porte et tirait doucement le verrou.

Les deux sœurs s’étaient couchées sur le lit, côte à côte, épuisées, anéanties.

— Ah ! Julie !

— Ah ! Nanine !

— Ces jeux-là ne valent point la nature, ma sœur.

— Avouez, Nanine, que si nous tenions en ce moment chacun un joli garçon, nous commettrions le péché.

— Madame, dit Calprenède en s’avançant, je ne sais si nous sommes de jolis garçons…

— Au secours ! des hommes !… des voleurs !…

— Mesdames, dis-je, prenant la parole à mon tour, si vous criez, vous vous perdez vous-mêmes.

— Sans compter, reprit Calprenède, que nous conterons l’histoire de ce membre en caoutchouc…

— Que madame tient encore attaché devant elle, continuai-je en montrant du doigt le godemichet passé autour de la ceinture de Julie et qu’elle ôtait furtivement…

Nous nous accommodâmes sans trop de peine…

Le choix entre ces deux amants tombés du ciel appartenait de droit aux dames. Julie choisit Calprenède. Je devins le lot de Nanine ; et comme il n’y avait qu’un lit, chacun des deux couples fut témoin des exploits du couple voisin.

Calprenède enfilait Julie du côté de la ruelle, et moi Nanine sur le bord de cette couche si longtemps arrosée