Page:Les Veillées du Père Bonsens - Premier entretien (vol 1 et 2), 1865.pdf/13

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donnes pas le tems. D’abord il ne m’est rien arrivé. Je me suis seulement un peu attardé et mis comme tu vois pour aider ce pauvre Grospierre qui a brisé sa voiture, et failli tuer son cheval au pont du détour.

Jean-Claude. — Ah ! le pont du détour, là ousqu’on passe sur sa terre pour raccourcir le trait-carré ?

Bonsens. — Justement ! Vous savez qu’il était en mauvais état depuis long-tems. Je lui disais souvent : mets-y un madrier, c’est une petite affaire et ça peut prévenir un malheur. — Ah bien oui ! qu’il me répondait ; moi ! aller mettre un madrier sur un pont où tout le monde passe ! Vous me prenez pour un bien gros dinde, père Bonsens, Ces bêtises-là, c’est bon pour vous qui êtes toujours prêt à vous faire mourir et à vous ruiner pour les autres qui ne vous en sauront pas gré, et qui vous verraient crever de faim et ne vous tendraient pas seulement une botte de paille. — Eh bien ! que je lui disais, si les autres sont durs et ingrats, c’est pas une raison pour que je me prive du plaisir de faire du bien quand je le peux. En