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jours dessous.

Quenoche. — Vous avez qu’à voir ! Mais je ne comprends pas ça, moi. Expliquez-nous donc cette idée là, monsieur Bonsens.

Bonsens. — C’est bien simple. C’est pour les petits comme pour les grands. Si les gens riches étaient toujours sages, modestes, de conduite régulière, ils s’enrichiraient tous les jours davantage ; ils finiraient par tout accaparer et le nombre des pauvres augmenterait. Si les rois étaient toujours justes, toujours modérés dans leurs goûts, dans leur ambition, ils resteraient toujours rois ; leurs amis les entoureraient toujours, il y aurait une classe qui vivrait éternellement autour des princes à gouverner en haut, c’est-à-dire à ne pas faire grand chose, tandis que les autres resteraient à travailler en bas à perpétuité. Mais l’orgueil est venu mettre bon ordre à tout cela. Par exemple un marchand, ou un habitant, ou un bon ouvrier entrepreneur, ou enfin un homme d’une position quelconque, par une longue vie de travail, d’attention et d’économie parvient à se faire une fortune. Il a ou de belles maisons, ou de l’argent à la banque, ou des terres de bon rapport, ou un grand chantier ; enfin il est riche ; et s’il vivait toujours, il serait toujours riche