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À la fin je suis allé voir le docteur. Il m’a dit de mettre un peu de thé dans son lait. Le thé ! C’est pas un remède ! Mais enfin pour contenter ma bonne femme qui a confiance au docteur, je suis allé chez le groceur chercher un quarteron de thé. Ils vendent ça bien cher. J’ai marchandé tant que j’ai pu ; mais enfin comme c’est pour ma bonne femme, j’ai consenti à condition qu’il rabattrait un sou, ce qu’il a fait. Il s’est mis à peser mon thé sur une grosse feuille de papier par petites pincées, et comme la balance ne tombait pas, le groceur s’est mis à tousser, mais à tousser, c’est terrible, sur le côté de mon thé, et comme ça fit trébucher la balance, il se dépêcha à plier le papier en paquet. Holà ! que je lui dis, camarade, il paraît que si le thé est bon pour l’estomac, il est bien mauvais pour le rhume, rien qu’à le sentir. Que voulez-vous dire ? qu’il me dit. — Que je voudrais bien peser mon thé sans papier dessous et sans tousser dessus. — Oh ! oh ! qu’il me dit, comme vous voudrez. Il l’a fait, et j’ai gagné au moins six grosses pincées de thé.

François. — Et la toux du groceur s’est elle passée ?

(À Continuer.)