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me donner pour me remettre ? mais que faisaient enfin du prisonnier ces brigands de juges ?

Bonsens. — Si l’accusé finissait, à force de douleur, par avouer, ils le condamnaient à mort puisqu’ils le considéraient comme coupable. S’il n’avouait pas, ils le condamnaient à mort comme obstiné, et ils tranquillisaient leur conscience en se disant que si le prisonnier n’avait pas commis le crime porté contre lui, il pouvait bien en avoir commis d’autres plus graves. Les bourreaux et les juges croyaient alors avoir rempli fidèlement leur devoir et avoir été justes. C’était la loi.

Quenoche. — Vous avez qu’à voir ! Je commence à vous comprendre, M. Bonsens. En effet, ce que l’on regarde aujourd’hui comme juste peut-être vu comme atroce demain. Mais ces affreuses cruautés devaient, il me semble, soulever le dégoût et l’indignation des honnêtes gens, des bons cœurs.

Bonsens. — Sans doute. Mais il y avait alors, comme de tout temps je pense, des gens peut-être honnêtes au fond, mais à vues étroites ou intéressées qui croient