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VINGTIÈME AVENTURE.

trouve à peu de distance. Le vilain est marié, sa femme dispose de tout ; elle a serré dans sa huche un grand pot de lait, je veux savoir quel goût il a. Allons ensemble, sire Renart, je vous montrerai comment on peut entrer au logis ; mais j’y mets une condition, c’est que vous engagerez votre foi de me tenir bonne et loyale compagnie, et de ne venir qu’après moi. Il y a là force chapons et gelines, je n’y prétends rien. — Soit ! » répondit Renart, « je prends l’engagement de te suivre et de ne rien prétendre avant toi de ce qui pourra nous convenir à tous deux. » Ils pressent alors le pas. Arrivés devant la haye, ils se trouvent en présence d’un pieu rompu qui déjà plus d’une fois avoit livré passage à Tybert ; bientôt ils furent dans l’enclos. Renart flairoit déjà le gelinier et se dirigeoit de ce coté, mais Tybert l’arrêtant : « On ne réussit que par adresse et prudence : le vilain dort, l’attaque du gelinier peut le réveiller, et dès lors il faudroit faire retraite. Allons à la huche, nous l’ouvrirons sans danger, les chapons viendront ensuite. » Ce raisonnement ne persuadoit pas Renart. « Écoute-moi donc, » reprend Tybert, « si tu vas d’abord aux poules, les chiens pourront te sentir, te donner la chasse et te mordre : j’en aurois du chagrin, car cela