Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
RENART CHEZ DAME HERSENT.

vous pas au père que Renart soit venu et qu’il vous ait maltraités. — Comment ! » répondent-ils, ne pas nous plaindre du méchant roux que vous avez accueilli et qui honnit notre cher père ? À Dieu ne plaise ! il faut que justice en soit prise. » Renart, à la porte, entendit quelque chose de la querelle, mais il ne s’en inquieta pas et se remit à la voie.

Cependant Ysengrin revient au logis. Il a fait bonne chasse, il dépose en entrant force denrées ; puis il va vers ses enfans pour les baiser. Les louveteaux se plaignent à l’envi des injures et des plaies qu’ils ont reçues : « Renart, le vilain roux, nous a sallis, battus, malmenés ; il a dit que nous étions des enfans trouvés et abandonnés ; il a même ajouté contre vous des injures que nous n’avons pas comprises. »

Qu’on se figure maintenant la surprise et la rage d’Ysengrin ! il brait, il hurle, il n’est plus maître de lui. « Ah ! » dit-il, « est-ce moi qu’on devoit traiter ainsi ! Méchante et odieuse épouse, étoit-ce pour donner asile à mon ennemi que je vous ai toujours bien nourrie, richement tenue ? Étoit-ce pour, me voir préférer un puant rousseau tel que Renart ? Par les yeux Dieu ! vous ne porterez pas loin cet outrage ; je vous interdis ma couche ; je vous chasse dès aujourd’hui de la maison, à