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LA CLAMEUR D’YSENGRIN.

d’où mon embonpoint m’ôtoit la liberté de me dégager, que dame Renart put me frapper, m’outrager et m’accabler des injures les moins méritées ; en présence, et c’est là ce qui redouble ma honte, de mon époux lui-même. »

Elle se tut, mais aussitôt Ysengrin : « Oui, sire, vous venez d’entendre la vérité. Et maintenant, que vous en semble ? Renart a-t-il été contre droit et raison ? Je lève donc clameur contre lui, et vous adjure de remettre la cause à vos barons, pour que justice me soit rendue. J’ajouterai ce que dame Hersent n’a pas dit, et ce qu’elle ne dementira pas. Renart étoit venu, quelque temps auparavant, chercher querelle à mes fils dans mon propre hôtel ; il les avoit salis de ses ordures, les avoit battus, eschevelés, traités de bâtards et de fils d’abandonnée. Il en a menti, par la gorge ! Mais quand, le retrouvant à cette maudite chasse dont vous a parlé Madame Hersent, je lui reprochai son odieuse conduite, il nia tous les faits et m’offrit de venir s’en purger par serment, en quelque lieu qu’il me plût de désigner. Je conclus donc, sire, en demandant que la cause soit retenue, qu’il en soit fait jugement, pour qu’on ne voie pas se renouveler à l’avenir de pareils forfaits. »