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SUR LE ROMAN DE RENART.

vint Bernart l’archiprêtre. De même pour le corbeau, le cerf, le pourceau, le blaireau, l’épervier, Mahaut la pie, que nous appelons aujourd’hui Margot. Il ne faut pas aller chercher bien loin ce qui de près s’explique naturellement.

Les autres furent parlans, c’est-à-dire indiquèrent un rapport saisissable entre le nom et l’objet nommé ; le lion fut le roi Noble ; la lionne Orgueilleuse ou Fiere ; le léopard Hardi ; l’éléphant Fortin ; le bouc Lussurieus ; le taureau Bruiant ; le mouton Belin ; l’ours Brun ; le coq Chantecler ou Vairet ; le limaçon Tardif ou Tardieu ; l’écureuil Roussel ; la chèvre Barbue ; le lièvre Couart ; l’agneau Cornuel ; le rat Pelé ou Pelet ; le loir Somilleus ; le perroquet Verdeau, etc., etc. La plupart de ces noms, si ingénieusement trouvés, ont passé dans les imitations étrangères, mêlés à d’autres d’invention exotique et constamment malheureuse ; comme Rufanus, Carcophas, Bertiliana, Corvigarus, pour le lion, l’âne, la chèvre, le bélier, etc. Cependant on n’a pas craint de soutenir, avec un grand air d’autorité, que tous ces récits de Renart avoient une première origine germanique, attendu qu’un seul de ces noms, Ysengrin, étoit de forme essentiellement tudesque. Mais, encore une fois, depuis l’établissement des Francs dans les Gaules, ce nom, tudesque d’origine, n’avoit-il pas eu le temps de devenir françois ? Et dès lors, ne pouvoit-on s’éviter l’ennui d’aller le rechercher au fond de l’Allemagne, d’où sans doute il étoit parti plusieurs siècles avant la naissance du roman de Renart ?


Le nom de Primaus, frère d’Ysengrin, mérite une mention particulière. C’est le synonyme de pri-