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LES NÈGRES.

ont bien joué leur rôle, et elles boivent autant d’eau-de-vie qu’on veut bien leur en donner. Les pleurs durent au moins huit jours, pendant lesquels elles se rendent chaque jour au soleil levant et au soleil couchant autour du tombeau du défunt ou elles recommencent leurs lamentations disant au défunt : « Pourquoi es-tu mort, n’avais-tu pas des femmes, un cheval, des pipes et du tabac ? » Et cela finit toujours par venir recevoir leur paiement. Pendant les huit jours que dure cette comédie, les parents de la femme veuve et toutes ses amies s’emparent d’elle, ne la quittent pas d’un moment, c’est pour faire diversion à sa douleur. Chacun fait apporter son plat d’heure en heure, avec du vin de palme, de l’eau-de vie, chacun mange et boit, et cela recommence à l’arrivée d’un autre plat des convives. » Bérenger-Féraud donne enfin la note caractéristique de toute cette cérémonie : « Les amis vont faire visite à la veuve, ou aux veuves ; puis ils ont soin, en sortant de la case du mort, de faire mille tours et détours avant de rentrer chez eux, pour dépister l’esprit malin qui ne manquerait pas de leur porter malheur s’ils rentraient directement dans leur maison. »


II. — les sérères

Les nègres sérères se divisent, d’après Pinet-Laprade qui les a particulièrement étudiés, en deux groupes. Les Sérères Nones occupent le pays compris entre le Diander, la Tamna et l’Atlantique, le N’douté, le Leckhar, etc. Les Sérères Sine occupent le N’dieghenn, le Sine, le Saloum, etc. Les premiers sont donc établis plus au nord-ouest, les seconds plus au sud-est, mais l’ensemble de la région qu’ils habitent est tout