Page:Les régiments d'infanterie de Compiègne.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’OFFENSIVE FRANÇAISE SUR L’AISNE[1]
« … Une accumulation de bataillons, de canons, de munitions et de moyens telle qu’on n’en avait jamais vue depuis le début de la guerre, tout dénotait l’envergure de l’attaque que devait exécuter le groupe principal des Armées Françaises depuis le nord de Soissons jusqu’à Reims.
« Dispositif général : 1° à gauche, la 6e armée (Général Mangin) (14 divisions d’infanterie, dont 8 en première ligne), doit enlever les lignes ennemies depuis Vauxaillon jusqu’à la ferme Heurtebise incluse.
« Le 1er corps d’armée colonial à l’ouest attaque le plateau de Laffaux. Les 6e et 20e corps, le 2e corps colonial à l’est attaquent le front de 15 kilomètres de Soupir à Heurtebise. Le grand saillant de Vailly et du fort de Condé tombera ainsi de lui-même.
2° À droite, la 5e armée attaque d’Heurtebise à Courcy, au nord de Reims ;
« 3° L’armée d’exploitation (10e
« 4° Enfin, en réserve, est la première armée dans la région de Château-Thierry-Epernay. »

.........................

« Les armées françaises allaient, au nord de l’Aisne, s’attaquer à des positions naturellement très fortes, véritables falaises dominant la rivière de près de 100 mètres, collines poreuses, percées d’innombrables grottes ou « creutes » qui offraient autant d’abris défiant tous les bombardements ».
« Installé là depuis plus de deux ans, l’ennemi avait tout fait pour fortifier ces positions par la valeur et la multiplicité d’organisations défensives bondées de mitrailleuses. Il les considérait comme imprenables et était d’ailleurs résolu à les défendre à tout prix, car elles constituaient un des bastions de sa fameuse ligne Hindenburg et leur chute eût entraîné forcément un nouveau recul général de son front.
« Il était renseigné de longue date sur nos intentions offensives par les indiscrétions qui, depuis février, se donnaient à l’arrière chez nous libre cours et il avait pris les mesures pour y parer en renforçant ses effectifs en ligne et son artillerie et en rapprochant des secteurs d’attaque toutes ses disponibilités : soit 21 divisions (18 autres étaient en face des armées britanniques).
« Dès le début de la préparation, le temps était devenu fort mauvais, rendant précaires les réglages par avions. Finalement, l’attaque, ayant été pour ces raisons différée jusqu’au 16 avril, la préparation d’artillerie dura près de dix jours et, bien qu’elle eût ruiné les organisations allemandes de première ligne, elle se révéla cependant, par la suite, comme notoirement insuffisante sur les positions plus éloignées et en particulier sur tous les abris à contrepente ou les « creutes» peuplés de mitrailleuses. »
La journée du 16 avril. — « C’est dans ces conditions que, le 16 avril, à 6 heures, se déclencha l’attaque des 6e et 5e armées, depuis Soupir jusqu’à Courcy ; le 1er corps d’armée colonial de la 6e armée ne devant entrer en action qu’à 9 heures sur le plateau de Laffaux.
« Dès le début de la progression, l’ennemi, nombreux, se défendit avec acharnement et notre infanterie fut en butte au tir de nombreuses mitrailleuses établies soit en plein champ au dernier moment, soit sous des abris qui avaient échappé à notre artillerie.
  1. Officiellement, 2e Bataille de l’Aisne.