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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/101

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relle sur du stuc qui forme le fond de l’œuvre, les ombres étant faites avec diverses couleurs. De toutes ces sortes de grotesques qui résistent très bien au temps, on voit des exemples antiques dans une infinité d’endroits, à Rome et à Pouzzoles, près de Naples. On peut aussi très bien exécuter la dernière manière avec des couleurs solides à fresque, en laissant le stuc blanc comme fond, et l’on obtient ainsi des œuvres qui, en vérité, ont en elles une grâce parfaite. On y mélange des paysages qui leur donnent de la gaîté, ainsi que des sujets composés de petites figures en couleur. Il y a actuellement en Italie quantité de maîtres qui exercent cet art et qui y sont excellents.



Chapitre XIV. — De la manière de mettre l’or au bol d’Arménie et au mordant ; de quelques autres procédés analogues.


Ce fut vraiment une découverte admirable et dérivant d’une recherche subtile, d’avoir trouvé la manière de séparer l’or en feuilles si minces que pour un millier de feuilles battues, grandes d’un huitième de brasse en tous sens, l’artiste n’eut pas besoin de plus de six écus de métal. Mais ce ne fut pas une découverte moins ingénieuse d’avoir trouvé la manière de les appliquer sur le plâtre, de telle sorte que le bois, ou toute autre matière qui en fut recouverte, parût être une masse d’or, ce qui se fait de la manière suivante. On plâtre le bois avec du plâtre extrêmement fin, et rendu pâteux par l’addition de colle plutôt légère que crue ; les couches doivent être plus ou moins nombreuses, selon que le bois est travaillé finement ou grossièrement. Le plâtre ayant été bien aplani, on prend du blanc d’œuf pur, on le bat soigneusement avec de l’eau, et on y trempe du bol d’Arménie moulu, et rendu légèrement onctueux. On le fait d’abord aqueux, c’est à dire liquide et clair, et on en fait de l’autre, qui ait plus de consistance. On passe ce produit au moins trois fois sur l’objet à dorer, jusqu’à ce qu’il prenne facilement sur toute sa surface. Continuant à l’humecter d’eau pure avec un pinceau, on y applique l’or en feuilles, et il se prend subitement à cette substance molle. Quand il est un peu sec, mais non entièrement, on le frotte avec une dent de chien ou de loup, jusqu’à ce qu’il devienne brillant et beau. On dore aussi d’une autre manière qu’on appelle du mordant, qui sert à dorer toutes sortes de choses, pierre, bois, toile, métal quelconque, drap, cuir. On ne le polit pas comme ci-dessus. Ce mordant qui est la matière qui retient l’or, se fait avec des couleurs siccatives à l’huile de diverses sortes, ainsi que de l’huile cuite avec du vernis ; on l’étend sur le bois qui a reçu d’abord