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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/113

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pleines d’eau très claire. Les émaux que l’on emploie pour l’or sont différents de ceux que l’on emploie pour l’argent, et on s’en sert de la manière suivante. On prend séparément les émaux avec une fine palette d’argent, et on les met aux places voulues avec un soin extrême. On en met, et on en remet la quantité qu’il faut, jusqu’à ce qu’ils affleurent exactement. Cela fait, on prend un pot en terre fait exprès, qui doit être percé de trous, et qui a une ouverture sur le devant. On y met intérieurement un petit plat de même percé de trous, de manière à ne pas laisser passer les charbons, on remplit tout le pot jusqu’en haut de charbon de chêne, que l’on allume à la manière ordinaire. Dans le fond du pot, au-dessous de ce plat, et sur une fine plaque de fer, on pose l’objet à émailler, de façon qu’il s’échauffe peu à peu. On l’y maintient jusqu’à ce que les émaux, entrant en fusion, s’écoulent, comme si c’était de l’eau. Cela fait, on laisse refroidir, et, ensuite, avec une fraxinelle, qui est une pierre qui sert à donner le fil aux outils, avec du sable à verre et de l’eau claire, on frotte doucement, jusqu’à rendre à la plaque son poli. Quand on a rogné tout ce qui dépasse, on remet dans le même feu, pour donner la glaçure au tout, par une nouvelle fusion superficielle. On peut obtenir le même résultat à la main, en se servant de tripoli et d’un morceau de cuir ; mais il n’est pas utile de faire mention de ce procédé. J’ai parlé de l’autre, parce que, étant une œuvre qui relève de la peinture comme les autres, il m’a paru à propos de le faire.


Chapitre XX. — De la tausia, ou travail de damasquinure.


Les Modernes ont encore, en imitation des Anciens, remis en usage une manière d’incrustation sur des métaux entaillés d’argent et d’or, en faisant sur ces métaux des travaux plans ou en demi-relief, ou enfin en bas-relief. En cela, les Modernes ont grandement surpassé les Anciens. C’est ainsi que nous avons vu sur de l’acier des ornements gravés à la tausia, autrement dit en damasquinure, nom qui provient de ce qu’à Damas, et dans tout le Levant, on fait ce travail excellemment. Aujourd’hui, nous voyons quantité d’objets en bronze, en laiton ou en cuivre incrustés d’arabesques en argent et en or, objets qui viennent de ces pays. Parmi les travaux anciens, nous avons vu des anneaux d’acier avec des demi-figures et des feuillages également admirables. On a fait de nos jours, et dans ce genre de travail, des armures de guerre couvertes d’arabesques d’or incrusté, et pareillement des étriers, des arçons de selles, des masses d’armes ferrées. On orne